Bague historique en or des États de Bretagne de 1788.

Rarissime bague en or rose, le chaton ovale orné d’une miniature peinte aux armes du duché de Bretagne, surmontant la devise « Triplici foedere tuta », le tout inscrit dans une tresse de 3 brins de couleur évoquant les Trois Ordres : Noblesse, Clergé et Tiers-État. Cette bague en excellent état de conservation, qui appartenait à un député de la ville de Saint-Malo, est un témoignange unique de l’effervescence pré-révolutionnaire qui anima la réunion des États de Bretagne qui se tint à Rennes entre novembre 1788 et janvier 1789.

Bretagne, 1788

Dimensions du chaton : 28 x21 mms
Taille du doigt : 52 (US 6 ¼) (non modifiable)
Poids : 6.5 grs

Cette bague historique a été présentée par l'abbé Paul Paris-Jallobert (1838-1905) lors de la séance du 10 décembre 1867 de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, présidée par Arthur de La Borderie : "une bague portant sur le chaton l'écu de Bretagne, la date 1788 et la devise : Triplici foedere tuta" ; elle provient d'un député de la ville de Saint-Malo aux États de Bretagne".
Les États de Bretagne, la plus haute institution de la province de Bretagne, chargée des rapports de la province avec le Roi de France, comportaient 104 sièges dont 50 destinés aux titulaires des grandes seigneuries ecclésiastiques, 10 aux titulaires des dix grandes baronnies nobles et 44 aux délégués ou députés de quarante-quatre villes de la Bretagne ayant le privilège de haute justice dont Saint-Malo. Fin 1788, lorsque les États se réunirent à Rennes pour délibérer de la politique fiscale de la province pour les années à venir, cela donna lieu à un climat de révolte qui préfigurait la Révolution de 1789. En effet, les députés du Tiers, issus de la bourgeoisie éclairée, réclamaient, entre autres, la répartition égale des impôts entre les trois ordres, l’égalité d'honneurs entre les dignitaires du Tiers et ceux des autres ordres ; l’admissibilité du Tiers dans les tribunaux, les emplois, les offices, l’extinction de la corvée, l’abolition du tirage au sort pour la milice de terre, de mer et des côtes. Toutes ces revendications irritaient la Noblesse dont elles remettaient gravement en cause les privilèges. Mais une grande partie du Clergé admettait que le Tiers ne se trouvât pas suffisamment représenté aux États (50 membres dans une assemblée de 104 membres) et que les privilèges de la noblesse, particulièrement l'exemption des impôts, étaient devenus injustice intolérable.
Pour calmer les esprits, le 10 novembre 1788, il fut proposé par le sieur François Caradec, avocat de Vannes, que "Triplici foedere tuta" (ce qui signifie : « La Bretagne est protégée par l’union des 3 ordres ») deviendrait la nouvelle devise de la Bretagne.

Cette bague est donc un souvenir historique majeur et unique de cette période pré-révolutionnaire. Les États de Bretagne de 1788 servirent en quelque sorte de répétition aux États Généraux de 1789 dans la mesure où les questions débattues à Rennes se retrouvèrent ensuite débattues à Versailles aux États-Généraux de 1789, par les députés du Clergé et du Tiers-États bretons, surnommés « les grenadiers des États Généraux ». Ceux-ci figurèrent parmi les principaux meneurs de la Révolution. Ils imposèrent le vote par tête puis la réunion des 3 ordres en Assemblée Nationale, ce qui eut lieu le 17 juin 1789 et constitue véritablement l’acte de fondation de la Révolution française. Le Club breton qu’ils fondèrent en 1789 fut à l’origine du tristement célèbre Club des Jacobins, responsable de la Terreur.